À chacun son Graal.

Y-a-t-il plus réjouissant que de parler aux autres
Tout en parlant de soi, jouer les bons apôtres 
Dire tout haut enfin tout ce que d’autres taisent
Nos grandes joies d’abord et ce qui fait malaise ?

Toucher l’universel qui nous a tous fait hommes
Aller à l’essentiel que rarement on nomme
Trouver ce qui en soi, résonne aussi en nous
Saisir entre ses doigts, un peu de ce grand tout.

Bien sûr on se fourvoie parfois dans une impasse
Aussi on perd le fil quand tout cela nous lasse.
Mais lorsque l’on parvient à cet insaisissable 
On laisse de son pas, la trace dans le sable.

J’explore des chemins que pour moi je défriche 
Sans trop savoir avant si un trésor s’y niche.
Souvent d’autres avant moi en ont tracé la carte
Le saurai-je un jour si moi je m’en écarte ?

Je cherche cette voie, ce sentier invisible
Que d’autres n’ont foulé dans leur quête insatiable.
Je repère les mots qui m’indiquent la cible
J’essaie de déchiffrer un code introuvable.

Ne vous étonnez pas si ainsi je m’obstine
Le Graal serait au bout, c’est conviction intime.
La poésie, jamais, n’est un concours Lépine 
Mais la voie exigeante dont je me veux victime.