A la manœuvre.

Boire, dormir, manger, aimer
Quels sont tous ces besoins qu’on appelle vitaux ?
Dès qu’ils sont satisfaits on cherche autre chose
L’action sera parfois d’offrir de simples roses.

Nos actions sont guidées d’abord par ces besoins
Elles vont aussi plus loin, que de nous prendre soin.
Beaucoup pensent alors qu’il leur faut s’agiter
Courir, sauter, plonger ou aussi voyager.

Au risque de surprendre, écrire c’est agir
Le mouvement est certes à voir des plus modestes
Mais la plume accouche et elle crée du reste
Autant qu’un architecte qui s’emploie à bâtir.

Écrire pour certains est un acte vital
Le pensait Maria Rilke ce poète génial 
Écrire c’est d’abord un voyage pour soi
Qui permet de me lire à un autre que moi.

Écrire pour construire, mais aussi explorer
Pour se laisser conduire vers ce qu’on ignorait.
Écrire pour se dire tout ce qu’on s’est caché 
Pour en faire le tour et puis s’en détacher.

Écrire c’est bâtir en cherchant la lumière 
Avec autant de mots qu’il y faudrait de pierres,
Tout en restant léger pour pouvoir s’élever 
Comme font les oiseaux lorsque l’air est bien chaud.

A voir un écrivain il parait immobile
Combien pourtant en lui la pensée est fébrile,
Et la plume qui court est à peine assez leste
Pour saisir ses contours et la rendre digeste.

Cent fois sur son métier un artisan s’applique
L’écrivain tout autant et cela bien s’explique 
Il doit choisir les mots comme bons matériaux
Et puis polir les phrases comme dans tous travaux.

Car toute création qui est originale
Quand bien même hélas elle ne serait géniale 
Méritera ce nom, sera appelée œuvre 
Si l’esprit et le cœur y sont à la manœuvre.