A quoi sert la leçon ?

Publié le 03 août 2025 2 minutes de lecture 7 lecture
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Leurs soupirs s’entendaient comme soufflets de forge 
A croire qu’ils sortaient de bien puissantes gorges
Ce n’étaient point les râles que poussent les amants
Mais ce que rend l’effort chez un homme ahanant.

Tel que souffrit jadis un Sysiphe maudit
Ils poussaient un tonneau plein à raz bord, pardi
Dans une forte pente qui mène à la taverne
Aussi sombre et humide que le sont les cavernes.

Venant depuis ce ventre, éclataient bien des rires
Des éclats avinés et souvent même pire
Des soudards impatients que d’écluser leur bière 
Avant que de reprendre leur collier de misères.

Tout donnait l’impression d’assister à un drame
Devant autant d’efforts et autant de vacarme
Comment peut-on ainsi s’infliger de déboires
Juste pour d’abrutir et à force de boire ?

Arriva à l’instant ce qui las le devait
Le tonneau échappa à ces hommes avinés 
Dans le bouge l’humeur tourna vite au vinaigre
Et l’on compta des morts au sein de cette pègre.

Croyez-vous que tout ça leur servit de leçon ?
Non ! Dès le lendemain c’était un canasson
Qui portait les tonneaux jusques à ce tripot 
Où pourtant les clients risquaient souvent leur peau.

Comme ventre affamé, gosier sec n’a d’oreilles
L’alcool pour troubler l’homme n’a, je crains, de pareil
Pour qui veut fuir sa vie ou qu’on la lui enlève,
Alors qu’il suffirait de mieux nourrir ses rêves.
Pierre Jean Boutet - Logo
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