A travers la vitre.

Publié le 03 août 2025 2 minutes de lecture 9 lecture
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Dans le wagon bercé par le bruit monotone
Que font sur les vieux rails, les roues en staccatos 
Je le vois défiler le paysage atone
Voilé par les buées, sur les vitres en halos,

Puis le train ralentit et s’arrête en gare
Il en côtoie un autre, ce par un pur hasard
En raison d’une erreur, entraînant un retard
C’est grâce à ce concours, que je vis son regard.

Deux yeux d’un bleu pervenche, qui ont croisés les miens
Ce fut comme un séisme, je m’en souviens très bien
Il n’y avait plus de vitres, il n’y avait plus rien
Tout juste ces pupilles qui surgissaient soudain.

Sous les yeux un sourire, je me sentis si bien
Le temps s’est arrêté, si je me souviens bien
Le temps d’une manœuvre, que firent les deux trains
Pour repartir trop vite, sans qu’on n’y puisse rien.

J’ai vécu une histoire, le temps de ces clins d’œil 
Comme un amour sauvage, dois-j’en faire le deuil ?
Était-ce l’âme sœur, était-ce mon bonheur
Que j’entrevis alors, dans cette fraction d’heure ?

Je n’ai pas de visage, seuls des yeux, un sourire
Mais je m’en souviendrai, dussé-je cent ans vivre
La brève apparition, est marquée au fer rouge
Tout au fond de mon âme, où encore elle bouge.

J’ai refais le trajet, mille et une fois
M’attendant à revivre, ces instants une fois
J’ai croisé bien des trains, et vu bien des visages
Mais jamais n’ai revu, ces yeux qui me ravagent.

J’étais presque endormi, les aurai-je rêvés
Jamais hélas pour moi, il ne s’est achevé 
Ils flottent encore parfois, à travers une vitre
Où vont se refléter, ces pensées que j’évite.
Pierre Jean Boutet - Logo
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