Anéantie.

Publié le 03 août 2025 2 minutes de lecture 7 lecture
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Elle avance hébétée dans la file indienne
Ses yeux sont fatigués, elle baisse la tête 
Sa douleur, sa peine, comme elles sont anciennes
Comme sont les actes commis par des bêtes.

Partie sur les routes il y a de longs mois
Dans l'exode affolé pour fuir cette famine
Elle n'était alors encore qu'une gamine
Mais déjà une mère et déjà aux abois.

Elle serrait très fort dans ses bras son enfant
Un pauvre enfant maigre aux grands yeux innocents
Rescapée de la faim et de la sécheresse 
Qui vous tue, qui vous ruine ou qui vous blesse.

Seule avec cet enfant elle s'est jointe aux convois
À ces groupes errants qui tous vont vers le Nord
Des milliers de migrants comme ceux que l'on voit
Sur les écrans le soir et dont on plaint le sort.

Dans ces groupes humains assaillis par la mort
Bien des individus exercent sans remords
Exactions représailles sur les plus fragiles
Elles sont oubliées les lois de l'Evangile.

On lui a arraché l'enfant qui se mourrait
Et puis on l'a violée cette chair bon marché 
Trop souvent c'est l'humain qui vite disparaît 
D'un état sans morale,  quand l'homme se repaît.

Elle a tout perdu, l'amour, la dignité 
Et la petite flamme qui dans ses yeux brillait
L'espoir d'un sort meilleur s'est bien évanoui 
Elle n'est plus à présent que femme anéantie.

Personne ne l'attend et personne n'en veut
De la femme anonyme dont sont brisés les vœux
Quel est donc l'avenir de l'obscur numéro 
Dans la file d'attente derrière les barreaux ?
Pierre Jean Boutet - Logo
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