Après tout, dansons.

J’admire le poète qui a pris le parti
D’enjoliver les choses dans tout ce qu’il dit
Non point pour ignorer comment tourne le bal
Mais pour mettre du baume où ça nous fait trop mal.

Si grande est la faillite, si profonds les désastres 
Comme on n’en a vu de longtemps sous les astres 
Où ont su nous conduire les erreurs des hommes
Qu’il ne sert plus de rien que d’en faire la somme.

Des lézardes partout, l’édifice s’écroule 
Tout partout se déglingue sur la petite boule
À plus grande vitesse que ce qui était prévu 
On est tous pris de court, on navigue à vue.

Peut-être vais-je faire comme d’autres poètes 
Chanter et puis danser et puis faire la fête 
Célébrer la beauté, louer la gentillesse
Inviter aux plaisirs avant que tout ne cesse.

Peut-être est-ce là faire preuve de sagesse
Puisque la lutte est vaine et que dite est la messe
Après tout, tout va bien au moment où j’écris
Dehors le soleil brille et joyeux sont les cris

Des enfants innocents dans la cour de l’école 
Qui ne se doutent point du futur qui s’envole.