Au fil des trajectoires.

Qui suis-je aujourd’hui ? Que suis-je devenu ?
Pas le même qu’hier ou plutôt qu’avant hier.
Où est passé l’enfant que je fus autrefois
Et l’homme jeune encore qui avançait bien droit ?

Imperceptiblement nous devenons un autre
Nous changeons tous de peau et de façon si lente
Le regard que l’on porte est bien toujours le nôtre 
Mais il a bien changé en glissant sur la pente.

L’enfant ne savait pas, il pouvait tout oser
Le grand croyait croit savoir, il n’a bu que rosée 
La personne aguerrie s’emploie à tout doser
Ses illusions, le vieux, a toutes, déposées.

Chacun en grandissant se voit ouvrir des portes
Et il lui faut choisir, laquelle ? Ça n’importe.
Et puis avec le temps les portes se referment
Ce sont mille possibles alors qu’elles enferment.

Nous changeons tous ainsi au fil des trajectoires
Celles que nous suivons, sans toujours bien savoir
Où elles nous mèneront et ce qu’elles exigent,
Car si nous le savions, nous aurions des vertiges.

Elles marquent la chair, elles impriment l’esprit
Mais combien d’entre nous qui l’ont vraiment compris ?
Ça s’appelle la chance, la mouise ou la fortune
Ils sont encore nombreux ceux qui croient à la lune.