Cale sèche.

Le moment ne connaît hélas pas d’équivoque 
Les premiers craquements s’entendent dans la coque.
Je suis un vieux navire, encore beau gréement 
Mais qui avec ces voiles n’affronte le gros temps.

Je suis ancré au port, me suis mis en carène 
Pour cacher mes blessures et qu’on ne voit ma peine
Sur mon carnet de bord est écrit « cale sèche »
Point besoin de le lire, déjà vendue la mèche.

Me voilà revenu à mes rêves d’antan
Ces rêves d’aventure où je prenais le vent.
Ce sont mes souvenirs dans lesquels je voyage
J’ai vu autour du monde tant de beaux paysages.

J’ai gardé dans mes soutes quelques uns des trésors 
Les meilleurs des moments glanés dans tant de ports.
Je conserve mes doutes malgré tous mes efforts
Pour trouver cette route que l’on dit pavée d’or.

Si je reste à quai plus souvent qu’à mon tour
Si je ne suis hélas plus navire au long cours
Je suis l’inépuisable au chaud dans mes tonneaux
Source de ces voyages que l’on fait grâce aux mots.