Car le verbe peut tout.

Combien ceux d’entre nous qui aiment fort les mots
Pour dire aussi bien nos joies comme nos maux
Ont pu être séduits et déjà tout marmots
Même par les proverbes de l’almanach Vermot ?

Car le verbe peut tout, le meilleur et le pire
Soit réveiller la haine, soit susciter le pire
Il frappe aussi bien les têtes que les cœurs
Incite à l’amour ou provoque l’horreur.

Le poète a choisi quant à lui de chanter,
Jouant de la musique comme de la beauté 
Surfant sur l’émotion mais aussi la raison,
La vanité humaine, tout comme ses passions.

Il brodera ses vers alors sur tous les tons
Le joyeux ou le grave, même le polisson
Accompagnant chacun de nos moments de vivre
Restant de liberté, en tout, et d’abord, ivre.

Il en est parmi eux qui se prennent au sérieux 
Pensant par leurs propos s’élever jusqu’aux cieux.
Je préfère sans doute de tous ceux au tombeau
Les poètes qui flottent au fond de mon cerveau.

J’aime imaginer tous ces milliards de mots
Qui courent et se baladent sur millions de radeaux
Pour s’en aller semer ailleurs de belles graines
De celles qui évitent que ne s’enflent les haines.