Chaque point sur la carte

Chaque instant préexiste, dépend de nos écarts 
Nous nous déplaçons tous sur mille et un fils 
Tout comme dans un train où le décor défile 
Nous allons d’un point à l’autre sur la carte.

Sauf qu’il n’y a de parcours qui soit préétabli
Nous le forgeons chacun sur son propre établi,
Selon quels sont nos choix, comme les directions,
Que nous prenons ou non, nous ne sommes des pions.

Il n’y a pas de rail, s’il y a des ornières 
Dont certains ne sauront sortir un jour à temps.
Il y a des prisons ou des vies trop contraires
Tout homme las n’est libre sous le joug des tyrans.

Mais fait-on les bons choix, sait-on où ils nous mènent ?
Il est tant de discours et combien les comprennent ?
Combien sont les jouets de propos mensongers
Sans voir qu’ils les exposent à de masqués dangers ?

Il est bien de chemins, combien ceux qui les prennent 
Savent-ils clairement où ces sentiers les mènent ?
Les chaînes ne sont pas toujours mises à nos pieds 
Parfois, dans nos esprits, elles nous ont liés.

Je sais quels sont les pas qui furent décisifs
Ces pas,je les ai fait sans cette impression,
Au moment où je pris l’infime décision.
Je le sais maintenant, ils sont définitifs.

À mille carrefours, des chemins se présentent 
Nous en rencontrons tant, sans en avoir conscience.
Ainsi nous construisons toute une existence
Où les pas de côté ont des suites pesantes.

Chaque instant préexiste comme un point sur la carte
Et c’est de point en point qu’alors nous cheminons
Parfois le point se fige, sans pouvoir qu’on en parte
Et c’est tout comme si l’on gisait en prison.