Cinq sens.

Nous ne serions complets sans chacun de nos sens.
Ceux qui en sont privés, au cours d’une existence
Doivent imaginer de nombreux stratagèmes 
Pour pouvoir dire aussi combien la vie ils aiment,

Hormis tous ces héros qui se battent pour être 
Humains à part entière, et vivre avec nous
Nous avons ce loisir en ouvrant nos fenêtres 
D’entendre et de voir et de sentir le tout.

Mesure donc ta chance toi qui jouis des cinq sens
De tout ce qu’ils t’apportent en as tu bien conscience ?
C’est la couleur des fleurs, c’est le chant de l’oiseau 
C’est la voix du poète, les cailloux du ruisseau

Les forêts verdoyantes, les chevaux au galop
La mer et les embruns, le ciel et les étoiles
Le ressac qui se brise sur les rochers dans l’eau 
La brise sur les blés agités comme voiles.

La douceur d’un baiser, la caresse légère 
La chaleur d’un foyer, le pas d’une bergère 
La saveur d’une soupe longuement mijotée 
La langueur d’une sieste doucement prolongée.

Hélas tout n’est pas rose au pays des cinq sens
Bien des choses moroses entachent l’existence
Tout comme une médaille qui cache son envers
La vie nous frappe aussi par ses mauvais revers.

La douleur, la souffrance et plus la cruauté 
Tous ces maux qui s’opposent à la simple bonté 
Tous ces gestes affreux qu’on subit ou qu’on porte 
Tous ces mots trop haineux dont on ouvre la porte.

Ce n’est à nos cinq sens à qui faire reproche
C’est seulement à ceux qui optent pour le moche
Ce n’est à la nature qu’il faut faire reproche
Mais seulement à ceux qui lui ont fait les poches.

Certains seraient dotés de ce sixième sens
Qui leur fait percevoir la vérité des choses
Je pense quant à moi qu’il se nomme bon sens
Et met de la mesure surtout dans ce qu’on ose.