Crédule.

Quand j’ai cessé un jour d’être un petit garçon 
Soucieux avant tout d’apprendre des leçons, 
Que j’ai ouvert les yeux sur la réalité,
J’y ai vu la laideur côtoyer la beauté.

Combien le mot est faible, que d’en dire le choc
Ce fut bien davantage, plus un électrochoc.
Je n’étais préparé, tant j’en étais protégé,
À vivre dans un monde aussi déjanté.

Je me suis dit alors, moi, quand je serai grand
J’agirai pour tout faire, bien mieux et autrement.
Qu’il nous faut tout changer, combien c’est évident !
J’avais encore espoir pour ces bons changements.

Puis je dus déchanter quand je compris enfin
Que nous allions plus vite encore vers la fin.
Comment mettre d’accord sur Terre autant de gens
Alors que c’est partout la course à l’argent ?

Comment agir ensemble, pour nous sauver la mise ?
Quand c’est tous contre tous, la partie est remise !
Comment croire unanimes aux mêmes solutions 
Quand nous séparent tant cultures et religions ?

L’enthousiasme faiblit, bientôt le crépuscule 
J’arrive à un moment où je suis moins crédule.
Je garde encore la force de pousser quelques cris 
Il y a tant de colère dans tout ce que j’écris !