Dans les grands cimetières.

J’aime pérégriner dans les grands cimetières
Toisé par le regard des statues si altières 
De tous ces orgueilleux qui furent hier si fiers 
De dominer alors les damnés de la terre.

Qui servent ces tombeaux tout de marbre couverts
À présent qu’ils n’ont plus d’intérêt pour les vers ?
S’ils n’ont de descendants, leurs manteaux sont déserts,
Ils semblent pour toujours ne connaître qu’hiver.

Je n’aperçois de fleurs pour y mettre couleurs
Pas plus que de présence encore moins de pleurs,
Juste des monuments inutiles à présent 
Qu’ils ne portent de sens, s’il n’y a plus de vivants.

Parfois ils sont témoins de quelques gens célèbres 
Hors de cérémonies pleines d’accent funèbres 
Rappel à nos mémoires de ceux qui nous laissèrent 
Des œuvres comme traces de ce qu’ils ont su faire.

J’aime pérégriner dans les grands cimetières 
Dans leurs allées tranquilles au gré de mes pensées.
Ils parlent le langage qu’on prête aux vieilles pierres
La mort y tient la place que la vie y a laissée.