Dans les sables.

On revient de la plage le corps couvert de sable 
Sans comprendre à quel point ce don est admirable
Qui sait voir dans ces grains le patient héritage 
Dont fait cadeau la terre depuis le fond des âges ?

Quand pour bâtir nos villes ou nos grands monuments
C’est l’usage du sable qui vient bien en premier
Quand pour faire ce verre, usages par milliers
C’est toujours à ce sable qu’on recourt, ne vous mens.

Paradoxe étonnant car qui ne voit le sable
Comme exemple connu de ces choses instables ?
Quand il est le symbole pour évoquer le temps
Qui coule inexorable, chaque grain un moment.

Mais quoi de plus solide et de plus résistant 
Que ce béton partout qui est omniprésent 
Mais quoi de plus visible et de plus transparent
Que fenêtres et vitrines, ce verre comme écran ?

J’aimais tant dans le sable enfouir ma chair d’enfant
Et des châteaux de sable j’en faisais tout le temps 
Où sont passés mes rêves, où sont mes jeux d’antan ?
Dans quelques grains de sable emportés par le vent.