Des choses essentielles.

Qui regarde encore tout au fond de son puit
Afin de voir si l’eau le remplit et y luit ?
Qui donc avant l’hiver fait un grand stock de bois
Pour s’assurer ainsi contre l’effet du froid ?

Il suffit aujourd’hui d’un simple robinet
Pour voir l’eau affluer et sans cesse couler
Il n’est besoin aussi que d’un truc à tourner
Pour chauffer toute pièce au moment, à son gré.

Combien de temps jadis, et combien de corvées 
Pour un rude confort à présent assuré ?
Combien les corps souffraient, grande était leur peine
Quand aujourd’hui partout facilité est reine !

Qui mesure encore cette chance qu’on a ?
Qui n’est pas né avec ? Qui ne voit ça banal ?
Pourtant combien fragiles sont ces acquis là 
En être un jour privés, est-ce inimaginable ?

Nous sommes devenus à ce point dépendants 
De ces choses vitales, l’eau comme le courant
Que nous ne saurions plus comment vivre sans eux
Que nous n’en voyons plus les aspects merveilleux.

Qui ne passe aujourd’hui trop de temps sur l’écran 
Qui pourrait pour tout ça avoir encore le cran ?
De tirer l’eau du puits, d’aller couper son bois
De gagner sa pitance à l’effort de ses bras ?

Nous vivons plus longtemps, en meilleure santé 
On appelle cela on le sait le progrès.
Mais ce progrès dépend de choses essentielles
Dont rien ne dit hélas qu’elles seront éternelles.