Désormais.

Dois-je encore lutter ou bien me résigner 
Quand je vois sous mes yeux tout le bon décliner ?
Lors que je puis si peu, pour peser sur les choses
Puis-je encore m’enivrer au parfum qu’ont les roses ?

Je m’en vais me couper de ces nombreux canaux 
Par lesquels me parviennent de partout tous les maux
Ne me soucier que du monde à ma portée 
Afin d’en savourer ce qu’il a de beauté.

Terminées ces croisades à suivre des drapeaux
Dont ne restent in fine que pauvres oripeaux,
Essoufflés ces élans qui m’ont porté un temps
A croire que les peuples en oublieraient l’argent.

Je vais, comme beaucoup, suivre ce bon conseil :
Profite de la vie tant que tu es au soleil.
Ne penses plus avoir prise sur nos destins
Agis sur ce qui est à portée de tes mains.

Je ne vais plus lutter que sur la mauvaise herbe
Si tant est qu’il y ait à proscrire une herbe.
Je ne vais plus chasser que les taupes intruses
Du jardin dont j’espère les récoltes profuses.

Je n’ai plus trop de temps à gaspiller ainsi
A clamer ma colère et ma tristesse aussi.
Je m’en vais désormais consacrer à l’amour
De ma tendre compagne, l’énergie de mes jours.