Existence et évanescence.

Quel pouvoir ont les mots qui ne seront pas lus
De même que les notes qui ne sont entendues ?
Caisses de résonance, vous qui vous consacrez 
À propager des choses qui n’ont rien de sacré !

Le pouvoir aujourd’hui réside dans les mains
Non pas de ceux qui créent mais de ceux qui apportent.
Quand tous les gens qui créent restent pour eux des nains
Les géants ce sont seuls ceux qui frappent à vos portes.

Car sans publicité, sans transport ou stockage
Car sans distribution à des marchés très large,
Rien ne peut exister qu’on soit pauvre ou riche
Quel que soit le produit s’il reste dans sa niche.

Que l’on parle de lui, qu’on l’affiche et le loue
Qu’on le montre à l’envie, qu’on enfonce le clou
Et le mot ou le son existent tout à coup
Dès lors qu’ils sont visibles ou audibles à beaucoup.

Mais ne sont-ils noyés vite dans ce vacarme
Les suivants qui surgissent aussitôt les désarment.
Que reste-t-il bientôt dans toutes les mémoires 
Que ces scintillements que renvoient les miroirs ?