Intacte.

J’apprécie et je crains ces éclipses sauvages
Où je ne puis noircir serait-ce quelques pages
J’en reviens chaque fois avec de sacrés doutes
N’ai je laissé mes dons quelque part sur la route ?

Vais-je au moins y nourrir de ces bons souvenirs
De ce que j’aimerai à travers de beaux vers
Réanimer un peu pour les faire revivre
J’ai, vous le savez bien, aussi moi ce travers !

Je m’en reviens toujours la plume un peu tremblante
La gorge nouée et la peur dans le ventre 
La page devant moi sera-t-elle consentante
Pour accueillir les mots qui sortent de mon antre ?

Je tourne en rond puis enfin je me pose
J’essaie de chasser loin ces pensées trop moroses
J’appelle à moi, en moi, poésie comme prose
Je fais aussi le vide pour que rien ne s’oppose.

Le miracle survient comme à l’habitude
Les mots sont libérés de cette servitude
Ils sortent de la cage là où ils patientaient
Attendant que je puisse à nouveau écouter.

Me voilà rassuré, j’ai retrouvé intacte
Cette légèreté dont j’aime tant l’impact
Il se montre très doux néanmoins volontaire
La poésie en moi fait œuvre salutaire.

Dans les jours qui vont suivre, je vais me rattraper
Écrire pour survivre aux angoisses que j’ai
Ce seront des surprises comme ce sera pour moi
Lorsque sous son emprise j’exprime mes émois.