Jusquau dernier grain.

Lorsque vient le moment des premières faiblesses
Quand on ressent si fort ces choses qui nous blessent
Ces lâches trahisons d’une chair qui renonce
Pas de résignation devant ce qui s’annonce.

Alors on s’emploie tous à quelques tentatives 
Pour retarder un peu la vieillesse qui arrive.
Comme si l’on pouvait retenir dans sa main
Le sable qui s’écoule jusqu’au dernier grain.

On se voit pouce à pouce lui céder du terrain
On n’a plus la vigueur des premiers coups de rein.
On se prend à rêver que revienne l’entrain 
Avant que de monter dans notre dernier train.

Pourtant dehors la vie continue de sourire 
Elle se moque bien de nos rages de vivre
Elle nous dit tu as eu ton comptant de printemps 
À présent comprend le que tu as fait ton temps.

Encore quelques timides et très vains soubresauts 
Pour goûter jusqu’au bout quelques derniers morceaux.
Petits plaisirs glanés comme un pied de nez
Plutôt que de se voir bien tout abandonner.

Alors on revivra dans nos riches mémoires 
Ces quelques souvenirs de nos heures de gloire.
On s’en ira chercher dans un lointain passé 
Tous ces élans de vie tant ils nous ont manqués.