Lapprenti-sorcier.

Je regarde le monde d’hier et d’aujourd’hui.
Ça ne me rend plus gai sur celui de demain,
Tant les jours que l’on vit sont porteurs de ces fruits 
Qui semblent tous gâtés par un sale venin.

Tant de progrès pourtant et dans tant de domaines 
L’eau, l’électricité, et les fins de semaine
La médecine aussi tout comme la retraite 
Et les congés payés, rien de ça on regrette.

Est-ce encore progrès, ces biens qu’on accumule
Ou bien ces fins de mois qu’il faut que l’on calcule ?
Beaucoup trop pour les uns quand tous les autres manquent 
Quand le seul distinguo devient le compte en banque ?

Est-ce bien du progrès tous ces vieux qu’on entasse
Dans des maisons pour eux en attendant qu’ils passent ?
Ou toutes ces familles disloquées et éparses 
Parce que la société leur joue des tours de garce.

Tous ces liens distendus sous l’effet de contraintes
Des emplois mal payés qui n’acceptent les plaintes,
Des gites exigus n’offrant que peu de place
Des transports que l’on prend souvent de guerre lasse.

Les choses ont pris le pas sur le respect des gens 
La convivialité a cédé à l’argent.
Les biens plus que les liens sont au cœur de la course
Où sont déjà perdants ceux qui n’ont rien en bourse.

Et puis, par dessus tout notre belle nature
Que l’on trouve partout presque en déconfiture. 
Quelques îlots demeurent mais pour combien de temps ?
Rien n’est à l’abri sous les vents dominants.

Tous les gens d’autrefois avaient temps difficiles
Mais ils croyaient encore aux lendemains qui chantent. 
Qui espère aujourd’hui des choses épatantes 
L’avenir est si plein de nuages terribles.

Et puis tout va si vite, grands sont les changements
Sauf dans les politiques et la tête des gens. 
L’homme est resté homme dans tous ses errements
Trop grande est la puissance qu’il détient à présent.

Qui ne connaît la fable de l’apprenti-sorcier
Qui par trop de pouvoirs a été dépassé 
S’il ne sait maîtriser son développement 
Il sera emporté par ses débordements.