Le goût du bonheur.

Qui sait voir son bonheur, en savourer le goût 
Quand il nage dedans et même jusqu’au cou ?
L’état semble banal pour ne dire normal
Quand ne plane sur vous aucune once de mal.

Alors on s’habitue, on ronchonne quand même 
Contre quelques tracas ou de menus problèmes,
Parce qu’on n’a vécu ou alors oublié 
Les temps plus difficiles, ceux où l’on suppliait

Le bon temps de naguère de revenir chez nous,
Quand l’on partait en guerre mais rarement pour nous.
Quand la vie nous semblait une très longue fête 
Quand on n’avait l’enfer, à tout moment en tête.

Une vie sans soucis, est-ce une vie de rêve 
L’apprécie -t-on vraiment quand rien ne contrarie ?
N’est-ce pas le répit, au moment de la trêve 
Que l’on savoure à fond, quand il n’y a plus de cris ?

Voilà bien l’avantage lorsque vient la vieillesse
Qu’on a connu les deux, détresse et allégresse.
On mesure alors pleinement la saveur
Des jours où la paix règne et efface les peurs.