Le visiteur.

Quand le temps un beau jour a frappé à ma porte 
Je ne m’attendais pas à un tel visiteur
Je ne me doutais pas de tout ce qu’il apporte
Que du poids des années il est le médiateur.

Je vivais jusque là l’éternelle jeunesse
De ceux qui n’ont souci de l’avis de leur corps,
Je ne manquais pas plus d’énergie ou d’adresse
Muscles et volonté jouaient en plein accord.

Comme sonne le glas au clocher de l’église
Qui surprend tout soudain les pauvres villageois
J’ai senti tout en moi se faire la valise
La réserve de vie qui alimentait ma joie.

Longtemps j’ai entendu s’exprimer les anciens
Qui étaient au regret du temps de leur enfance,
Qui disaient aux gamins tout à leur innocence
Profite de ton temps, tu ne sais ce qui vient !

Je n’avais lors conscience du sens de l’éphémère 
Je voyais défiler tous les soirs et matins,
Comme si rien jamais en soi ne s’altère 
Au point de n’avoir plus de force dans les mains.  

Quand le temps un beau jour est entré dans ma vie
Sans rien me demander, pas même mon avis 
Je n’étais préparé à tout ce qu’il enlève 
Mais j’ai gardé en moi bien intacts tous mes rêves.