Les bien tenir en laisse.

Faut-il dire le monde tel qu’il est vraiment ?
Ou bien le travestir et alors qui se ment ?
Certes admirer la fleur que butine l’abeille
Sans évoquer jamais le danger qui sommeille ?

Doit-on louer le beau d’une tour qui s’élance 
Sans déplorer aussi son poids dans la balance ?
Ne voir que le meilleur dans les œuvres des hommes 
Dissimulant le pire, que surtout on ne nomme ?

N’avoir d’yeux que pour ce qui convient à nos plumes
Éviter qu’elles crient sous le poids de l’enclume ?
Chercher la vérité rien qu’en pleine lumière 
Non dans l’obscurité où souvent elle se terre ?

Je n’ai pas fait ce choix et ce quoiqu’il m’en coûte 
J’ai accepté de voir les raisons de mes doutes.
Je ne me satisfais des contes pour enfants
Faut réveiller la belle qui était au bois dormant.

Lui dire que le loup est au cœur de l’humain
Et qu’il faut fermement qu’on le tienne en main 
Pour l’empêcher de nuire à son corps défendant 
Pour l’empêcher de prendre sur nous un ascendant.

Lui dire que la meute est prête à hurler
Si on laisse les loups parmi nous s’exprimer
Qu’il faut ne leur donner que le strict nécessaire 
Les bien tenir en laisse et ne les laisser faire.