Les feuilles déchirées.

Les feuilles déchirées des anciennes mémoires 
Dont on lit à grand peine les lettres effacées 
Réveillent au fond de nous de troublantes tourmentes
Que l’on comprend si mal, trop de fragments nous manquent.

Où sont les fils d’Ariane de ces fous labyrinthes
Depuis longtemps cassés s’ils ont même existé 
Nous sommes archéologues de ces tessons légués 
Par des vies oubliées dans les vapeurs d’absinthe.

S’y entrouvre parfois une brève fenêtre 
Qui laisse entrevoir ce qu’un jour on put être 
Éclair mais bien trop bref qui viendra imprimer
Une image fugace pour si peu exprimer.

L’émotion a un goût ou même une couleur 
Qui s’enroule subtile quelque part dans nos cœurs.
Un air de nostalgie, une vieille douleur 
Et il renaît alors, le pire ou le meilleur.

D’une humeur anarchique sont tous ces parchemins
Des livres dispersés au gré de nos chemins
Dans ces étranges archives nous nous perdons souvent 
Et tous nos souvenirs s’envolent avec le temps.