Les plis amers.

Aux plis amers que fait sa bouche
Lorsqu’il manie ce jour sa fourche 
On sent qu’il n’est de bonne humeur
Et qu’il en a gros sur le cœur.

Hier le banquier lui a annoncé 
Qu’il n’pouvait plus le financer 
Il a déjà de trop gros prêts 
Qu’il peine hélas à honorer.

La sécheresse a brûlé 
Son beau maïs comme son blé 
Et le gel a tout dévasté 
Dans son grand verger de pommier.

Son lait se vend bien en dessous 
De ce qu’il coûte comme sous,
Le coût du porc est à la baisse
Faute aux imports qui eux ne cessent.

À tous ces maux il ne peut rien 
Mais il a honte car son bien
De ses aïeux lui il le tient 
Il ne veut trahir ces anciens.

Du coin de l’œil il voit la poutre 
Il se dit alors rien à foutre
Il est parti chercher la corde
Juste une prière il s’accorde.

Elle l’a trouvé qui balançait
Et le visage tout violet.
Elle en est tombée à genoux
En se disant pauvre de nous !