Malgré lintelligence.

J’ai comme beaucoup d’autres fondé quelque espoir
En la capacité de l’homme de savoir
Faire un jour triompher sagesse et raison
Et ramener l’amour au sein de sa maison.

J’ai las dû déchanter et à maintes reprises
Chaque fois que j’ai vu, grande était ma méprise,
Qu’il n’était trop souvent qu’une bête cruelle
Occupée avant tout à remplir sa gamelle.

Longtemps j’ai aussi cru que par l’éducation 
Il pourrait dominer un peu mieux ses passions.
Mais il porte en lui comme autant de poisons
Les germes qui le poussent à sa destruction.

Si je me plie moi même à quelque introspection
Je sens bouillir en moi ces vieilles tentations
De céder s’il fallait aux poussées de violence
Si se trouvait en jeu ma propre existence.

La jalousie, l’envie ou la cupidité 
L’ignorance, la peur, la supériorité 
Oh combien de tourments qui ont sur nous empire
Oh combien d’errements qui conduisent au pire !

Trop de vices de forme dans cette création 
Trop de faiblesses intimes et bien trop de pulsions
Malgré l’intelligence qui nourrit l’illusion
Qu’elle pourrait survivre à ses propres démons.