Mille éclairs dorage griffaient les nuées sombres

Des lumières fugaces qui n’effrayaient les ombres
Chevaux et cavaliers glissaient dans la pénombre
Progressant sans faillir au milieu des décombres.

C’était il y a longtemps au dessus de Grenade
Fière cité d’alors gouvernée par l’alcade
Elle avait lancé au nord une bravade
Cela lui valait donc une telle algarade.

La troupe avançait, la ville endormie
Sentinelles assoupies par trop de beuveries 
L’Alhambra orgueilleux et son fier Alcazar
Finiraient par tomber sous les coups de butoir.

Les émirs ont régné sur la cité perchée 
Pendant de nombreux siècles ils y ont prospéré 
Puis les rois catholiques se sont un jour fâchés 
Andalousie, Castille ont voulu rassembler.

Combats à l’arme blanche pour des chairs déchirées 
Les temps étaient peu tendres pour les soldats blessés.
Tous les champs de bataille devenaient des charniers 
Seules les pluies d’orage, tout ce sang emportaient.

L’histoire ne retient que les beaux monuments
Les portraits des grands rois, et les seuls bons moments
Mais ce furent l’horreur, la torture et la mort
Qui de bien des façons des autres fut le sort.

Bataille parmi d’autres, c’est en Andalousie
Bataille comme d’autres, aucune jalousie
Les hommes ont partout les mêmes frénésies 
Et la mort se repaît de tristes fantaisies.