Nos bleus à lâme.

Ne peuvent exister aux yeux du plus grand nombre
Que ceux dont on parle, qui ne restent dans l’ombre.
Mais combien de poètes sont ignorés de nous
Quand bien même ils seraient les meilleurs d’entre tous ?

D’autant plus dans l’époque, où ce genre ne jouit
Plus de cette auréole qu’on lui prêtait jadis.
Les mots ont bien cédé aux images aujourd’hui
Il valent guère plus que des maravédis.

Cela ne décourage pourtant tous ceux qui
Penchés sur l’écritoire un crayon à la main
Griffonnent des poèmes convenus ou exquis
Et accouchent de mots qu’ils voudraient souverains.

J’en connais quelques uns qui ont des bleus à l’âme 
Qui savent raconter les joies comme les drames 
Qui savent la musique que contiennent les mots
Et donnent grâce à eux de jolis concertos.

Suis-je l’un de ceux là ? Est-ce à moi de le dire ?
Je n’ai au fond de moi que cette envie d’écrire
Sur le tout et le rien, le toujours, le jamais
Et tant mieux s’il y en a parmi vous qui m’aimez.