Parlez-moi

Parlez-moi de ces grèves immenses et désolées 
Balayées par les vagues d’océans déchaînés 
Où gisent des épaves éparses et éventrées
Ornées de coquillages sur leurs coques brisées,

Parlez- moi des déserts aux dunes infinies
Où partout l’horizon offre ligne jaunie
Où gisent des cadavres avec leurs os blanchis
Sous les rayons de lune et les hyènes qui crient.

Parlez-moi des montagnes, de leurs pics acérés 
De leurs falaises nues, aux vertiges éthérés 
D’où pleuvent tous ces morts qui s’y sont attaqués 
Ces premiers de cordée, dont le lien a cédé.

Parlez-moi de ces champs tout couverts de hauts blés 
Où furent des batailles dans un lointain passé 
Dont le riche humus a été engraissé 
Des corps de ces soldats qui sont jadis tombés.

Parlez-moi d’un endroit à l’abri dans ce monde
Qui n’a connu de drames ou de destins immondes
Où la vie règne encore et fait régner sa loi
Où la mort est la fin mais jamais dans l’effroi.