Potions.

Publié le 03 août 2025 2 minutes de lecture 6 lecture
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Tous les verts contrevents étaient tenus bien clos
La façade n’offrait qu’une surface aveugle
Pourtant jadis ici avait un jour éclos 
Un enfant d’une mère qui s’y trouvait fort seule.

Et lui devenu homme se tenait à présent 
Debout devant les murs de la vieille maison
La tête envahie d’images à foison 
D’un passé douloureux et même malfaisant.

Il se revoit gamin sous les huées hostiles
Quand les autres enfants criaient en le voyant
Fils de sorcière ! C’étaient des imbéciles 
Qui de fait avait tous très peur de sa maman.

Elle connaissait les herbes qui pouvait vous soigner
Et aussi toutes celles qui vous empoisonnaient.
Les femmes du village venaient toutes en secret
Consulter la sorcière pour n’être engrossées.

Ils venaient de partout pour rencontrer sa mère 
Car sa notoriété dépassait les frontières.
Alors la jalousie remuait les commères 
Qui déversaient sur lui leurs paroles amères.

Sa mère lui disait, n’écoute pas ces garces !
Parfois pour le venger elle leur faisait des farces,
Leur donnant des potions qui leur faisait pousser
Une grosse moustache sous leur vilain nez.

Dans cette atmosphère chargée de méfiance 
Le petit a grandi dans une triste enfance.
Dans sa chère maman il avait bien confiance
Il voulut la défendre par les voies de la science.

Il étudia longtemps et devint médecin 
Utilisant les plantes très souvent dans ses soins
Il savait à présent pourquoi elles guérissaient 
Bien des médicaments en étaient bien extraits.

Et quand il recevait quelques dames âgées 
Qui jadis de sa mère trop souvent se moquaient,
Il leur disait voilà des potions de sorcière 
Les mêmes qu’employait jadis pour vous ma mère.

Les vieilles alors disaient on n’avait pas le choix
Nos maris nous disaient chez elle n’y va pas !
On y allait quand même mais pour mieux le cacher,
On n’avait rien trouvé de mieux que l’insulter.

L’homme s’est installé dans la vieille maison
Ouvrant son cabinet médical à raison
Dans ce qui autrefois était un lieu de soin
Où se rendaient souvent bien des dames du coin.

Sur la plaque on peut lire en gros NATUROPATHE
Sans qu’à lire cela, nul ne se carapate.
C’est à présent la mode d’user de ces potions
Qui faisait autrefois jaser tous ces vieux cons.
Pierre Jean Boutet - Logo
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