Quel respect ?

Sur des barques immobiles au milieu des roseaux 
Se tapissent dans l’île quelques chasseurs d’oiseaux
Ils guettent sans un bruit l’envol des flamands roses
Car c’est là le gibier que la terre propose.

Les arcs déjà armés où la flèche repose 
Les hommes sont tendus malgré la longue pause
Ils ne peuvent risquer de manquer cette cible
Car la faim qui suivrait pourrait être terrible.

Pourtant partout ailleurs la pratique est proscrite
L’espèce est protégée, comme la loi l’édite.
Dans ce coin reculé des paroles maudites
Car c’est pour leur survie qu’ils font chose interdite.

Ils n’iront prélever que le strict nécessaire
Ils dépendent de ça pour vivre sur cette terre
Ils ont cette expérience qu’on appelle équilibre 
C’est bien à ce seul prix qu’ils peuvent rester libres.

Ils seront conspués par les hommes des villes
Qui n’ont de la nature qu’une idée déformée 
Qui voudrait qu’elle soit comme ces parcs tranquilles 
Où ils viennent oublier les bruits et les fumées.

Qui a plus de respect pour ce qui les entoure ?
Les hommes des marais à l’affût de leurs proies
Ou les hommes des villes qui y sèment l’effroi
Tout en lui déclarant un fort suspect amour ?