Rites

C'est le reflet spectral de la lune dans l'eau
Dessus le marécage il flotte un peu falot
Dans sa lumière pâle tout semble estompé 
On dirait que d'en haut un astre est tombé.

Mille coassements déchirent le silence
Écoutez ce concert fait de mille présences 
C'est une vie qui grouille au milieu des roseaux
Qui se nourrit aussi, ainsi au bord de l'eau.

La barque à fond plat glisse elle sans bruit
À part quelques remous sous la rame qui luit
Vers l'îlot bien caché par des rideaux de cannes
Dont certains savent faire de mortelles sarbacanes.

Une ombre en descend, en sombre silhouette
Drapée d'un grand manteau, capuchon sur la tête 
En main un grand bâton orné de quelques gemmes 
Psalmodiant quelques mots aux tons de requiem.

Alors bras écartés il brandit vers la lune
La crosse très sculptée de sa canne magique
Invoquant les esprits qui peuplent la lagune
Pour donner du pouvoir à toutes ses pratiques.

Là se dressent des pierres d'un vieux temple oublié 
Bâti par quelques druides en des temps reculés 
Pour des cérémonies qui étaient dédiées 
A la mère nature que l'on y vénérait.

Il n'est que le fantôme de la caste de prêtres 
Qui lors venaient ici tout comme leurs ancêtres 
Pour prier que les hommes à jamais se souviennent
De celle dont ils viennent, et qu'à elle ils tiennent.

Seul le reflet spectral du bel astre nocturne
Qui plane de tous temps au dessus des lagunes
Semble encore attentif à cette pantomime
Quand son image danse au rythme de ces mimes.