Sa main glisse et tâtonne en cherchant sur le zinc

Publié le 03 août 2025 2 minutes de lecture 6 lecture
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La chope ou le verre de bière ou de vin
Sa quête est brouillonne et ce sera en vain
On ne le servira pas plus avant demain.

Le voilà qui titube marmonnant mais quels mots ?
Ce sont des borborygmes, plutôt que des propos.
D’un geste hésitant il salue l’auditoire,
Mais qui donc se soucie de ce pauvre pochard ?

À voir ce pauvre bougre et ce triste spectacle 
Qui pourrait deviner l’homme que cela masque ?
Il fut aux temps jadis un savant admiré 
Jusqu’à ce lourd chagrin qui le fit las sombrer.

Car son bonheur n’était dans sa notoriété 
Mais dans l’amour extrême qu’en ces temps il vivait
Avec une femme alors qu’il adulait 
Et tout a basculé quand elle l’a quitté.

Ignorant les honneurs dont il était l’objet
Dans cette solitude et l’alcool a plongé 
Il n’est plus que l’épave d’un naufrage secret 
Lui qui fut un grand homme, le voilà méprisé.

Illustration bien triste d’une réalité 
Plus dure sera la chute quand si haut tu es monté ?
Sauf que pour lui même il ne demandait rien
Rien d’autre qu’une main pour serrer fort sa main.

Dans la rue le trottoir accueille une forme 
Des chiffons affalés qui dissimulent un homme
Et si l’on tend l’oreille, il chantonne un air
Petite Marie reviens, dit un homme en galère.
Pierre Jean Boutet - Logo
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