Sans souci.

À la même question où tous les yeux se plissent 
Que posent les savants ou souvent les artistes,
Nos vies déjà écrites quand nous entrons en lice
Par le dieu du hasard qui joue seul sur la piste.

Sommes-nous autre chose que ces brefs tourbillons
Qui s’agitent un moment comme autant de lampions 
Que des vies parmi d’autres qui sont bien des millions
Qui surgissent un instant mais ne sont que des pions.

Sommes-nous dans un jeu qui de loin nous dépasse
Où nos vies vont et viennent pour y faire des passes ?
Des pièces qui n’ont pas au fond plus d’importance 
Que d’autres, avec nous, qui jouent la même danse ?

Un vertige saisit à coup sûr notre esprit
Quand nous les formulons ces questions, sans répit.
Mais n’est-ce oublier que la vie n’a de prix
Que si nous la vivons sans nourrir ce souci ?