Sorcière.

Un sillon écarlate au duvet de la joue
Griffure de la patte d’un agressif minou
Un long cil où s’accroche une perle nacrée 
Le reste d’une larme qui fut plus tôt versée.

La gamine a un air qu’on dirait effronté 
Le regard très perçant tout prêt à s’affronter
En dépit de ces noeuds, sages dans ses cheveux
Elle paraît bien savoir au vrai ce qu’elle veut.

Au comptoir du libraire qu’elle dépasse à peine
Elle s’adresse à lui gardant un port de reine
En rien intimidé par ce gaillard immense
Elle demande un livre qui traite de la science.

De la science occulte, des règles de magie
Pas fait pour les incultes, les êtres assagis
Censé ouvrir des portes invisibles aux yeux
De tous ceux qui ne voient ailleurs le mystérieux.

Il n’a l’air étonné de l’étrange requête 
L’enfant est coutumière des lectures insolites
Elle lui a dit ce jour qu’elle était en quête 
D’une vieille formule qu’elle sait illicite.

Bien sûr elle ne l’avoue, c’est pourquoi je le dis
La petite a un but, vous devinez pardi
C’est de rendre son chat docile avant tout
Pas question qu’il lui griffe ainsi sa pauvre joue.