Sur la gamme

Sur la gamme étendue des émotions humaines
J’aimerais ne choisir que l’amour, non la haine 
Pour tenter de guérir les jours emplis de peine 
Laisser filer mes vers comme on file la laine.

Tricoter si je peux de chaudes couvertures
Pour s’abriter un peu d’une vie parfois dure
Et offrir un cocon tapissé de douceur
Pour apaiser parfois quelque tourment du cœur.

Mais poète je suis au diapason toujours
Des profonds remuements qui tout en nous ont court,
Mon coeur ne vit hélas seulement le printemps 
Mais il frémit aussi à d’autres battements.

Alors mes fils de laine en deviennent bien noirs
Lorsqu’ils prennent couleur de tout mon désespoir,
Et ce sont les barreaux de nos tristes prisons
Qu’ils habillent au gré de notre déraison.

De l’ombre à la lumière ils oscillent dans cesse
Tantôt ils sont verdicts, tantôt ils sont promesse.
Ils chantent de l’amour les subtiles caresses
Ils grincent sans détour à toutes les détresses.

Sur la gamme étendue des émotions humaines 
J’en joue toutes les notes des plus sombres aux plus claires
J’observe dans ce bal où nous mènent certaines
Et je crains que les pires notre sort accélèrent.