Tableau et pantins.

Regarder tout autour comme on fait d’un spectacle 
Comme on voit un tableau sans en être partie
Observer ce qui vit, constater la débâcle 
Comme si ça n’était pas question de survie.

Voilà bien l’attitude de mes contemporains
Non de ceux qui subissent dans leur chair les dommages,
Mais de ceux qui président à nos communs destins
Et dont les décisions ne me paraissent sages.

Ils se pensent à l’abri dedans leurs tours d’ivoire
Des dégâts qu’on subit et de tous nos déboires,
Ils tiennent entre leurs mains les rênes du pouvoir 
Ils se sentent au dessus des malheurs qu’on peut voir.

Ils distribuent des miettes aux foules en colère 
Au besoin ils fomentent ici ou là des guerres,
Ils ne veulent pas croire qu’ils seraient en danger
Pourquoi alors vouloir ce monde le changer ?

Le tableau est le même depuis leur arrivée
Il y a un sommet qui peut tout se permettre
Et en bas est le peuple qui doit lui se soumettre.
Tout au plus lui sera-t-il permis de rêver ?

Quand parfois il parvient à chasser cette élite 
Ceux qui mènent la danse, cèdent hélas à l’invite :
Ils occupent à leur tour les positions conquises
Et le même schéma, vite ils reproduisent.

Jusqu’au jour où la vague ira tout emporter 
De cet orgueil aveugle, de ces choix insensés.
Il n’y aura plus de base et pas plus de sommet
Les pantins que nous sommes seront tous disloqués.