Tous ceux que lon oublie.

Que deviennent les mots par malheur qu’on oublie
Je n’ai point peur pour eux qui ont d’autres abris.
Mais combien est désert notre pauvre esprit
Sans ces mots si précieux que l’on avait appris.

Plus aucune pensée ne peut trouver de forme
Plus aucune idée qui ne porte uniforme
Sans eux pour nous ouvrir quelque nouvelle piste
Que l’on soit ingénieur ou simplement artiste.

Que deviennent ces gens que souvent l’on oublie
Sans garder souvenir qu’ils sont même en vie.
C’est bien rare qu’un jour ils surgissent et supplient 
De regagner enfin le cercle de nos amis.

Mais les mots qu’on oublie oh combien ils nous manquent
Ils ne sont comme argent qu’on peut mettre en banque
Si l’on en n’use pas lors ils s’évanouissent 
A l’encontre des mots que tant d’autres enfouissent.

Que sommes-nous de fait que cette mer de mots
Que tous nos souvenirs, ces trésors sans repos
Des images tenaces où l’on pose des mots
Et si on les oublie, quel sera notre lot ?