Tous les titres de gloire.

Quelquefois je doute, de plus en plus je doute
De pouvoir par les mots nous guérir de ce monde.
Je doute que les mots aussi justes, aussi beaux 
Qu’ils puissent parfois être, nous donnent le repos.

Pourtant qu’avons-nous d’autre, que pourrions-nous donner, oui des gestes d’amour mais si désordonnés ?
Les mots ou la parole, la parole et les mots
Je sais c’est pas très drôle, pas toujours des cadeaux. 
Lorsque les mots s’envolent on s’accroche à leurs ailes mais lorsqu’ils sont chargés de colère ou de haine, ils plombent à jamais toute notre atmosphère.

Les mots, les mots d’un seul ont parfois tout changé lorsqu’ils étaient porteurs de cette vérité qu’en leur cœur tous les hommes d’entendre ont rêvé, quand ils croient à des mots qui repoussent les ombres, quand ils voient par ces mots qu’ils sont en si grand nombre
Alors ils ne sont plus ces êtres misérables, isolés, impuissants, les jouets du destin,
Ils portent la lumière tout au bout de leurs mains même si pour cela, il faut serrer les poings.

Je n’entends plus ces mots ni leur magie d’antan
Le verbe a tout noyé dans notre logorrhée 
Seuls de pauvres échos ont traversé le temps
Mais ils s’en sont allés comme font les marées.

Je doute de ma voix, de la voie du poète 
Le monde n’obéit désormais qu’à la loi
A celle de l’argent, je sais l’idée est bête 
C’est pourtant las la seule qu’à présent j’entrevois.

Les chiffres ont remplacé tous les mots de l’histoire
Tout devient numérique, tout devient dérisoire. 
Le montant des fortunes vaut tous titres de gloire 
Et gagner au loto est le suprême espoir.