Trop de mots.

J’ai sous mes doigts des mots à vous faire frémir 
Porteurs de ces messages pour qui on peut mourir.
Mais heureux, j’en ai d’autres qui savent vous réjouir 
Qui parlent de bonheur, de ce dont on peut jouir.

La palette est riche plus que celle du peintre
Leurs nuances, infinies, plus que n’en ont des notes
Avec eux j’ai pouvoir de vous entendre geindre 
Ou de vous voir danser bourrée comme gavotte.

On peut lancer des mots comme on lance des pierres
Afin de voir lever la joie ou la colère.
Ceux qui savent des mots combien grand est l’empire 
Sont capables à leur gré du meilleur et du pire.

Pourquoi est-il des gens qui aiment le silence ?
Dans ce vide de mots, ce sont les leurs qui dansent.
Car les mots sont d’abord tout au creux de nos têtes 
Avant que de passer la porte de nos lèvres.

J’en ai tant qui s’agitent et tout en moi circulent 
Qui portent mes pensées, se pressent et se bousculent 
Que je dois les poser quelque part hors de moi
Afin qu’ils puissent aller hanter d’autres que moi.