Un jour gris
Publié le 04 août 2025
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Ce jour là était gris et le temps de décembre
C’est sans doute un détail mais comme on le verra, qui n’est sans importance.
Deux gamins dans la rue, leurs pantalons froissés, jouaient à qui glissait sur le sol sans tomber
La glace recouvrait le côté de la rue là où de l’eau coulait, sans doute une fuite, où était-ce un cantonnier qui avait oublié de refermer la vanne de la borne publique ?
Ce jour là était gris et les gens se pressaient d’aller chercher le pain pour bien garnir la table ou aller travailler sans prendre de retard espérant que le bus n’en aurait pas lui même.
Beaucoup tenaient coincé sous leur bras un pebroc, qui est un parapluie dont on a tout un stock, accessoire souvent oublié sur un siège ou accroché ici mais sans plus savoir où ?
D’autres tenaient serré leur imperméable, qui leur faisait à tous la même silhouette,
Qu’y avait-il dessous costume ou salopette ?
Bref tous ces gens vaquaient autant sur le trottoir que parmi les voitures, empêchées d’avancer, par un très gros camion qui livrait hors des heures permises une épicerie ouverte jour et nuit.
Et les gamins jouaient insouciants à leur jeu
Sans prêter d’attention à la circulation, cette partie de rue, toute si verglacée, ne tentait ni voitures encore moins piétons.
Ce jour là était gris mais c’était jour de fête
Les lampions dans les rues à la nuit tenaient tête
Les vitrines regorgeaient de produits très tentants
Que les gens admiraient, même vite, en passant.
Au chaud dans leurs maisons bien d’autres s’activaient, qui pour décorer le sapin de guirlandes, qui pour préparer une bûche aux amandes, qui pour emballer les cadeaux de papiers rutilants.
Ce jour là était gris et le froid s’invitait comme pour rappeler à tous que l’hiver existait, encore.
On avait ressorti manteaux et bonnets, cache-nez et écharpes et les jeunes pestaient qui n’aimaient pas être ainsi emmitouflés, trop habitués à leurs sweets légers et leurs pantalons deglingués.
La ville bourdonnait de ces activités, plus encore qu’à l’habitude comme dopée par ce moment festif, cette parenthèse coutumière et un peu forcée par un marketing ominiprésent.
Tout semblait annoncer un réveillon tranquille et arrosé au lendemain duquel la tête un peu lourde et la bouche pâteuse beaucoup devraient reprendre le train-train monotone de leurs vies ordinaires.
Ce jour là était gris comme pour dire à tous que l’ombre est toujours là quelle que soit la lumière, quelle que soit cette illusion qu’ont les hommes de régir leur destin. Le hasard est seul maître des chemins que l’on suit et il sait s’inviter quand on l’attend le moins.
Le maire le matin même, avait sur la grand place, prononcé un discours pour dire qu’aux yeux du monde la ville était belle et que tous ses concitoyens qui avaient cette chance d’y habiter, devaient en être fiers et que tout était fait par lui et ses équipes pour améliorer le sentiment de bien vivre ensemble dans cet espace partagé.
Bref le jour était gris mais beaucoup portaient en eux cet espoir d’une soirée réussie et d’une vie d’après, avec cette promesse informulée d’y connaître des jours meilleurs.
Comme sont étranges ces jours où au delà des soucis de chacun, plane cette impression générale d’un moment partagé susceptible d’unir dans un élan commun ceux qui hier encore échangeaient des invectives et prenaient soin de s’ignorer.
Ce jour là était gris mais sans les grandes villes cela ne compte guère, il n’y a de saison.
La pluie comme la neige n’y sont pas pour longtemps et ne gênent qu’un temps cette vie qu’on y mène.
Le monde vaquait ainsi comme il vaque toujours, agité de désirs et de projets sans fin, comme s’il n’y avait de début ou de fin, une histoire écrite par on ne sait trop qui, parmi les hommes qui ne cessent de vouloir.
C’était un jour fort gris comme il s’en trouve tant, ç’aurait pu aussi bien être un jour sans nuages étranger aux graves que suscite l’orage, mais ce jour était gris quand survint l’impossible, était inattendu je ne saurais le dire car les hommes savaient mais sans vouloir y croire que surviendrait un jour où tout basculerait.
Mais voilà ils pensaient que ce serait très lent comme un long déclin auquel on s’accommode, comme une faible pente qu’on dévale en douceur, comme un renoncement dépourvu de douleur.
Alors quand s’abattit soudain la canicule, que le soleil surgit déclenchant la fournaise asséchant tout d’un coup toute l’humidité dans des vapeurs partout qui tout envahissaient, la stupeur n’eut d’égale que la peur qui alors déchirait les entrailles tout autant que la soif.
Ceux qui purent descendre très profond dans la terre échappèrent un peu aux chaleurs délétères, pour un temps tout au moins, celui de leurs réserves mais là-haut tout grillait aux rayons meurtriers.
Désormais plus d’hiver, de calotte glaciaires, la terre a basculé sur son axe ancestral, et ici l’eau s’en va et ailleurs elle inonde, ainsi le changement est partout dans le monde et les hommes ont perdu à l’instants leurs repères, ceux qu’ils s’étaient donnés sur une ancienne terre.
C’est sans doute un détail mais comme on le verra, qui n’est sans importance.
Deux gamins dans la rue, leurs pantalons froissés, jouaient à qui glissait sur le sol sans tomber
La glace recouvrait le côté de la rue là où de l’eau coulait, sans doute une fuite, où était-ce un cantonnier qui avait oublié de refermer la vanne de la borne publique ?
Ce jour là était gris et les gens se pressaient d’aller chercher le pain pour bien garnir la table ou aller travailler sans prendre de retard espérant que le bus n’en aurait pas lui même.
Beaucoup tenaient coincé sous leur bras un pebroc, qui est un parapluie dont on a tout un stock, accessoire souvent oublié sur un siège ou accroché ici mais sans plus savoir où ?
D’autres tenaient serré leur imperméable, qui leur faisait à tous la même silhouette,
Qu’y avait-il dessous costume ou salopette ?
Bref tous ces gens vaquaient autant sur le trottoir que parmi les voitures, empêchées d’avancer, par un très gros camion qui livrait hors des heures permises une épicerie ouverte jour et nuit.
Et les gamins jouaient insouciants à leur jeu
Sans prêter d’attention à la circulation, cette partie de rue, toute si verglacée, ne tentait ni voitures encore moins piétons.
Ce jour là était gris mais c’était jour de fête
Les lampions dans les rues à la nuit tenaient tête
Les vitrines regorgeaient de produits très tentants
Que les gens admiraient, même vite, en passant.
Au chaud dans leurs maisons bien d’autres s’activaient, qui pour décorer le sapin de guirlandes, qui pour préparer une bûche aux amandes, qui pour emballer les cadeaux de papiers rutilants.
Ce jour là était gris et le froid s’invitait comme pour rappeler à tous que l’hiver existait, encore.
On avait ressorti manteaux et bonnets, cache-nez et écharpes et les jeunes pestaient qui n’aimaient pas être ainsi emmitouflés, trop habitués à leurs sweets légers et leurs pantalons deglingués.
La ville bourdonnait de ces activités, plus encore qu’à l’habitude comme dopée par ce moment festif, cette parenthèse coutumière et un peu forcée par un marketing ominiprésent.
Tout semblait annoncer un réveillon tranquille et arrosé au lendemain duquel la tête un peu lourde et la bouche pâteuse beaucoup devraient reprendre le train-train monotone de leurs vies ordinaires.
Ce jour là était gris comme pour dire à tous que l’ombre est toujours là quelle que soit la lumière, quelle que soit cette illusion qu’ont les hommes de régir leur destin. Le hasard est seul maître des chemins que l’on suit et il sait s’inviter quand on l’attend le moins.
Le maire le matin même, avait sur la grand place, prononcé un discours pour dire qu’aux yeux du monde la ville était belle et que tous ses concitoyens qui avaient cette chance d’y habiter, devaient en être fiers et que tout était fait par lui et ses équipes pour améliorer le sentiment de bien vivre ensemble dans cet espace partagé.
Bref le jour était gris mais beaucoup portaient en eux cet espoir d’une soirée réussie et d’une vie d’après, avec cette promesse informulée d’y connaître des jours meilleurs.
Comme sont étranges ces jours où au delà des soucis de chacun, plane cette impression générale d’un moment partagé susceptible d’unir dans un élan commun ceux qui hier encore échangeaient des invectives et prenaient soin de s’ignorer.
Ce jour là était gris mais sans les grandes villes cela ne compte guère, il n’y a de saison.
La pluie comme la neige n’y sont pas pour longtemps et ne gênent qu’un temps cette vie qu’on y mène.
Le monde vaquait ainsi comme il vaque toujours, agité de désirs et de projets sans fin, comme s’il n’y avait de début ou de fin, une histoire écrite par on ne sait trop qui, parmi les hommes qui ne cessent de vouloir.
C’était un jour fort gris comme il s’en trouve tant, ç’aurait pu aussi bien être un jour sans nuages étranger aux graves que suscite l’orage, mais ce jour était gris quand survint l’impossible, était inattendu je ne saurais le dire car les hommes savaient mais sans vouloir y croire que surviendrait un jour où tout basculerait.
Mais voilà ils pensaient que ce serait très lent comme un long déclin auquel on s’accommode, comme une faible pente qu’on dévale en douceur, comme un renoncement dépourvu de douleur.
Alors quand s’abattit soudain la canicule, que le soleil surgit déclenchant la fournaise asséchant tout d’un coup toute l’humidité dans des vapeurs partout qui tout envahissaient, la stupeur n’eut d’égale que la peur qui alors déchirait les entrailles tout autant que la soif.
Ceux qui purent descendre très profond dans la terre échappèrent un peu aux chaleurs délétères, pour un temps tout au moins, celui de leurs réserves mais là-haut tout grillait aux rayons meurtriers.
Désormais plus d’hiver, de calotte glaciaires, la terre a basculé sur son axe ancestral, et ici l’eau s’en va et ailleurs elle inonde, ainsi le changement est partout dans le monde et les hommes ont perdu à l’instants leurs repères, ceux qu’ils s’étaient donnés sur une ancienne terre.

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