Un matin.

Se lever comme ça, un jour, sans y penser
Tant un matin ressemble à un autre matin
Se doucher, s’habiller, mordre un morceau de pain
Et puis partir vaquer, pour tout recommencer.

Soudain être surpris par l’étrange lumière 
Qui se répand partout dans cette aube nouvelle
Distraitement jeter un œil par la fenêtre 
Trouver du changement, sans savoir dire lequel ?

Sortir dedans la rue et croiser un passant
Qui vous salue alors d’un geste amical
Puis chez le boulanger acheter un croissant 
Somme toute tout parait encore bien banal.

Puis ouvrir le journal pour lire les nouvelles
Et ne voir à la Une ni violences, ni guerres
En parcourir les pages pour ne plus trouver celles
Qui sapent le moral et l’envie d’être père.

S’en aller au travail avec un court retard
N’y être accueilli par un patron furieux
Prendre un petit café avec quelques bavards
Puis retourner bosser sans en être anxieux.

Ne plus voir dans la rue des milliers de bagnoles
Mais des bus qui sillonnent partout la métropole 
Respirer librement sans une odeur d’essence
Et prendre son vélo enfin dans l’autre sens.

Retrouver sa maison, son balcon, son jardin
Discuter gentiment avec quelques voisins
Jouer un long moment avec ses enfants
Et dire à sa compagne son amour, tout le temps.

Admirer les forêts, montagnes et océans 
Sans une once d’ordure répandue dans les champs
Trouver tout à portée des services urgents
Et voir se supporter, l’un l’autre, tous les gens.

Ne voir sacrifier l’essentiel à l’argent
Respecter Mohamed même s’il n’a pour nom Jean
Ne pas perdre sa vie à vouloir la gagner
Prendre soin des plus faibles et les accompagner.

Est-ce un monde nouveau qui a pris corps ce matin ?
Ou n’est-ce qu’un beau rêve au réveil qui s’éteint ?