Un petit gars

C’était un petit gars qui ne payait de mine
Caché sous un sweat-shirt ou une gabardine 
On ne voyait de lui que de grises lunettes
Et le sac accroché à son dos de minette.

Il était si fluet au regard de ces brutes
Qui fréquentaient ces lieux pas très loin de la butte
Il se faisait discret, il n’ouvrait pas la bouche 
Et préférer rester, à le voir, sur la touche.

Sur les bancs de l’école, gardait tête baissée 
Sous sa grande tignasse grand chose on ne voyait
Et lorsque la maîtresse parfois l’interrogeait
On entendait sa voix qui n’avait pas mué.

Lorsqu’il quitta l’école pour l’université 
Il n’avait ni copains, ni copine attitrée 
Il restait pour les autres encore un vrai mystère 
Mais ceux là s’en moquaient, car il ne comptait guère.

Très loin de son quartier et dans une autre ville
Parmi des étudiants de tous les horizons
Il baissa sa capuche sans craindre les horions 
Et révéla enfin qu’il était une fille.

Elle pu s’épanouir très loin des préjugés 
Qui exposaient les femmes à la loi de ces mâles 
Qui ne veulent accepter autant qu’en puis juger
Que la femme jamais se montre leur égale.