Un vrai silence ?

Combien pour célébrer, disent-ils, le silence 
Usent de tant de mots sur tout ce qu’ils en pensent.
Voilà un paradoxe, ce n’est pas le premier,
Où l’on trahit la chose, pour mieux la célébrer.

Je n’aurai pour la part telle outrecuidance
Je crois à la parole et au pouvoir des mots.
Se taire n’est facile au regard de nos maux
Quand au pied du volcan les hommes toujours dansent.

Si j’apprécie d’abord calme, plus que silence, 
Car à ces conditions il se peut que je pense,
C’est pour laisser aux mots une plus grande chance
D’émerger du profond de ma propre conscience.
Quand la force du bruit envahit l’existence
Elle vient étouffer, empêcher que l’on pense.
Quand celui des tambours domine la musique 
Il acquiert bien souvent des vertus hypnotiques.

D’ailleurs dans ce silence que célèbrent certains
On entend le flic-floc des gouttes de la pluie 
Le pépiement discret des oiseaux dans leur nid 
Quand tintera la cloche aussi dans le lointain.

Dans un profond silence tu entendras ton cœur
La vie est battement, pulsation et vigueur
Est-ce le dernier son, qu’on entend, quand on meurt ?
Est-ce d’un vrai silence dont on peut avoir peur ?