Une bien triste histoire

Triste histoire je dois dire
Comme chacun pourra le voir
De telle y-en-a-t-il de pire ?
Comme j’aimerai le savoir !
Je m’en fais pourtant un devoir
Quand bien même c’est chose vaine
Car si cela beaucoup me peine
Je ne puis laisser se dissoudre 
Ce que fis au nom de ma reine
La perdre ne puis m’y résoudre.

Elle est celle que j’admire
Chaque journée quand vient le soir 
Elle appartient au triste sire 
Qui sur son trône vient s’asseoir.
J’ai bien tout fait pour la revoir
Assise sage filant sa laine
Mon épée était dans sa gaine 
Mais ce fut un grand coup de foudre
Qui me mît presque hors d’haleine
La perdre ne puis m’y résoudre.

Bien que ce soit de la traîtrise 
J’en vins à perdre ma maîtrise 
Je fis alors parler la poudre
Tuer le sire fut une aubaine.
La perdre ne puis m’y résoudre.