Une feuille est tombée.

Quand la feuille est tombée en pleine indifférence 
Aucun bruit n’a troublé, tout autour le silence
Quand la pomme a chuté, sur le grand lit de feuilles 
Elle n’a été mangée, comme celle qu’on cueille.

Quand le soir est tombé, à la lune montante
Il y flottait dans l’air, comme une sourde attente.
La nouvelle a surpris la famille tranquille
Un homme est tombé, ce jour, en pleine ville.

La colère est montée dans le cœur de chacun
La perte est immense, haro sur l’assassin
Le peuple a gravi les marches du palais
Pour accuser le prince qui l’a fait supprimer.

Le drapeau est monté au mât de la caserne 
Les soldats rassemblés autour d’une baderne
La police est montée à l’assaut des barrières 
Que le peuple a dressées, sa rage est entière.

La violence a grandi partout dans le pays 
Pour dire il doit partir le dirigeant honni
La répression brandie étouffe las les voix
Le fusil, la matraque frappent comme il se doit.

Des voix se sont levées dans le monde entier
Pour réprouver tout ça, à la paix exhorter 
La réponse est venue à travers des promesses 
Que l’élection viendrait, si les violences cessent.

Un bout de papier est bien tombé dans l’urne
Mais un seul candidat, quelle triste fortune !
Dans le plus grand silence, mais c’est partie remise
Aucune différence, quand la prochaine crise ?

Le rideau est tombé sur un pays muet
Les gens désespérés auraient-ils renoncé ?
Un homme ou une femme va-t-il donc se lever
Au seul nom de son peuple et de sa liberté ?