Une vaine tentative.

Quand une fois de plus je caresse la page
Que je veux la griffer dans des accès de rage
Que je vais y pleurer au fil de maints messages
Ou m’y perdre aussi si le temps est d’orage

Je ne m’appartiens plus, je relève d’un autre
Ni d’un dieu, ni d’un saint, ni même d’un apôtre 
Tout simplement de l’homme qui se demande encore
Ce qu’il fait là , planté, au milieu du décor ?

Quand je sème les mots comme de vains repères 
Comme petits cailloux, quand même je me perds
Quand j’abandonne là mille et mille questions
Et malgré ma pudeur aussi mes émotions 

Je suis cet éternel, ce cri désespéré 
Cet homme sans réponse, homme écartelé 
Dans ses mains la puissance qu’il a de se détruire 
Et l’univers immense où il voudrait s’enfuir.

Quand je vois sur la page s’ouvrir tous les possibles 
Quand je voudrais alors exprimer l’indicible,
Que je tente un tour sur ce curieux manège 
Où l’homme de toujours a dévoilé ses rêves 

Je comprends combien vaine est cette tentative
Quelques uns qui l’effleurent et aucun n’y arrive.
La vie reste un mystère, l’homme est à la dérive 
Condamné à rester pour toujours en qui-vive.