Une vie sous-marin

J’ai sorti aujourd’hui timide périscope 
De ma vie sous-marin, où tous les jours j’écope 
Pour survivre au flot des mauvaises nouvelles
De celles où l’on se noie, si on n’a pas des ailes.

J’ai mis un nez dehors, dans ce monde hostile
J’avais vraiment besoin, de rompre ma coquille
L’effort fut gigantesque, ce n’était pas facile
J’étais dans ma retraite, en illusion tranquille.

J’ai du prendre ce risque contre ma volonté 
Je ne pouvais survivre en étant confiné 
Je n’avais plus de vivres, personne pour m’aider
Celle qui le faisait, lasse s’en est allée.

Je souffre de phobie depuis ma tendre enfance
Depuis une agression empreinte de souffrance
Les autres me font peur, et c’est plus fort que moi
Mais j’ai besoin des autres, ça me remplit d’effroi.

J’ai des amis partout, présences virtuelles
Sur les réseaux sociaux je surfe de plus belle 
Mais ne me parlez-pas, de serrer dans mes bras
Un corps qui soit charnel, je ne le pourrais pas.

Je m’en vais enfiler, donc ma tenue scaphandre
On ne voit que mon nez, je pourrai me défendre 
De ces regards curieux, ceux qui voudraient me prendre
Je me ferai livrer, c’est vite que je rentre.

J’ai vu dehors le monde, il est vraiment hideux
Demeurer dans ma chambre, c’est ce qu’il y a de mieux
Je m’y sens vraiment libre,  c’est si bon d’être seul
J’y resterai je crois jusqu’à être en linceul.